"L'affaire". Reportage de Rémi Mauger, Fr3

vendredi 8 janvier 2010

la lettre de la romancière

Lettre aux amis qui sont venus chez moi le 5 décembre, et aux autres qui n'ont pas pu :

Premier janvier 2010. Moment des vœux.
Mon seul souhait serait de vivre en paix pour écrire le monde rural, ne plus vivre la souffrance de l’exil, la tristesse de la méchanceté de quelques individus qui veulent me chasser.
Ce qu’ils ont fait est laid. Et ce, pour une poignée de dollars… !
Mais désormais vous avez vu et compris ce que je m’évertuais à décrire, à raconter :
la pollution, la corruption, l’absurdité mais SURTOUT vous avez pris de face LA VIOLENCE qui m’est faite et qui pourrait tourner au drame.

« Si je te trouve en forêt , je vais te buter » !

Mon chien a fait les frais de cette dérive meurtrière. Une femme s’est jetée sur lui avec sa voiture pour l’écraser. Début en somme du passage à l’acte. Plainte déposée et non retenue pour faute de témoins.
Pour quelques dollars de plus dans le Perche…il est possible de se croire tout permis quand on peut s'offrir les services de l'un des plus prestigieux cabinets d'avocats de France, dont on estime l'heure de travail à 600 euros.

Le 5 décembre : Il m’a fallu un courage que vous ne soupçonnez probablement pas pour m’exposer ainsi de nouveau, mais il le fallait pour que vous sachiez LA VERITE
Comme il faudra dire le rôle et la complicité de chacun pour analyser ce « fait divers » et le replacer dans une réflexion sociale et politique plus globale.
LA FERME DES ORAGES, ce roman à l’origine de cette affaire serait-il en train de devenir un livre historique ?

Seule et à mains nues, j’ai fait une grève de la faim
- pour enlever cette boue qu’ils ont déversé dans le Puits et sur ma maison. Il faut avoir été victime d’injustice grave pour ne plus manger d’aliments. Les jours ont passé et des paroles revenaient comme celles de l’adjudant Chritian Jacq qui, une fois à la retraite, m’a contactée pour me dire : « Sachez madame que j’ai téléphoné à la mairie de Saint Mard de Réno, cela fait trente ans que je travaille dans ce département, je n’ai jamais vu cela , vous êtes tous des pourris , leur ai-je dit » ! dixit l’adjudant
Seule et à mains nues, j’ai fait une grève de la faim

- parce que cette maison, elle représente tout ce que je n’ai jamais eu ; c’est aussi mon atelier, mon usine,
Seule et à mains nues, j’ai fait une grève de la faim

- parce que je suis la fille de Pierre et de Louisette, de pauvres bougres d’Alençon qui ne me laisseront en héritage que quelques meubles, mais des valeurs qui n’ont pas de prix et qui m’ont permis de devenir joelle guillais , la romancière des paysans, je suis fière d’être leur fille. Comme je suis fière d’être « la fille de personne », je suis fière d’avoir défendu les paysans. Je suis un auteure plouc et tant mieux.
Seule et à mains nues, j’ai fait une grève de la faim
- Jour après jour, j’ai ramassé mes forces. J’ai fait cette réunion et cette grève comme on grimpe la côte de Médavy à vélo, je suis allée à bout de souffle. En danseuse, en funambule. En prenant beaucoup de risques.

Mais au bout du compte, vous êtes venus vous m’avez soutenue, vous m’écrivez de partout.


MERCI d’avoir déposé du soleil sur mes murs, vous avez ouvert les fenêtres de cette maison qui respire désormais comme moi.

VOILA , MON MEILLEUR AVOCAT, c’est l’opinion publique c'est-à-dire vous, paysans et autres, qui êtes venus et qui m’écrivez par exemple : « je vous confirme que certains des agriculteurs de ma commune, bien que mécontents de voir un membre de leur profession mis en cause, reconnaissent en privé qu'il faut mettre fin à certains abus »

Voilà ce que de plus en plus de gens pensent. Ils ne veulent plus de cette affaire qui salit une société, un pays.

1 commentaire:

  1. Courage ! Du courage, il en faut pour vivre dans cette société synonyme de violences physiques mais peut-être encore plus mentales.
    Mais il faut se lever et dire "non" à la bêtise et à l'argent.
    Alors, il faut poursuivre le combat. Quitte à donner de l'urticaire à quelques-uns.

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