"L'affaire". Reportage de Rémi Mauger, Fr3

jeudi 3 juin 2010

M. Guillochon pollueur : les coulisses d’un jugement

On a vu comment Rémi Guillochon avait été acquitté pour ses atteintes à l'environnement (“Les services publics établirent que M. Guillochon est un pollueur. Le tribunal de Mortagne répondit: et alors?”

Lors du procès, Rémi Guillochon, présenté par tous ses amis des syndicats agricoles comme un-modeste-ouvrier-agricole-salarié-qu’il-faut-aider-à-s’établir-à-son compte était défendu par un avocat d’un des plus prestigieux cabinets de France, sis à Neuilly, dont les services -on ne se lasse pas de s’en étonner- sont estimés à 600 euros de l’heure, le cabinet Francis Lefebvre.
Qui peut s’offrir un tel avocat de renommée internationale pour défenseur?
Rémi Guillochon ne serait-il pas le pauvre salarié agricole qu’il prétend être?
Il a refusé des subventions pour construire une stabulation aux normes près de chez lui, une stabulation qui ne lui aurait sans doute rien coûté puisque les Guillais lui rachetaient son hangar à un prix largement supérieur à celui du marché.
Si Rémi Guillochon est le modeste salarié qu’il prétend être, qui paie l’avocat qui est devenu un conseil permanent de M. Guillochon, cet avocat qui adresse une mise en demeure aux Guillais qui ont apposé une affichette de protestation devant leur maison (en 2009), qui n’hésite pas à faire des remontrances à des journalistes qui osent publier des articles qui lui déplaisent (en 2010), auquel Rémi Guillochon demande s’il doit autoriser les Guillais à changer une gouttière.
Mais oui! Cet avocat de grande renommée et de haute culture (Chargé d'enseignement à l'Université Paris I -Master 2 patrimoine immobilier et Master 2 urbanisme construction-, Chargé d’enseignement à l’Université Paris X –Nanterre -Master II Ingénierie immobilière-) a le temps de s’intéresser à la gouttière du voisin des vaches de M. Guillochon...

Autre surprise, lors de l’audience au tribunal de Mortagne, cet avocat de luxe avait pour chauffeur et guide Anne-Marie Guérin, alors secrétaire de mairie et future maire de St-Mard-de-Réno...

La romancière, elle, était défendue par un modeste avocat local spécialisé dans les divorces.

C’est à lui qu’avant l’audience, la présidente du tribunal a glissé : “Votre cliente, elle exagère pas un peu ?”

La cause n’était peut-être pas déjà entendue avant l’audience mais elle avait été déjà plaidée.

D’ailleurs, cette juge, alors que son tribunal était situé à 3 km de l’exploitation, n’estimera pas utile d’aller voir sur place si la romancière “exagérait un peu”.

Attitude à comparer avec celle du président de la Cour d’appel qui viendra en personne, avec sa greffière, de Caen jusqu’au hangar de St-Mard-de-Réno.

Il n’en dit évidemment rien mais les moyens gigantesques mis en oeuvre par M. Guillochon (l’implication du cabinet Francis Lefebvre), disproportionnés (l’enjeu étant la stabulation dans le hangar à 4000 euros dont les Guillais réclamait la fermeture en tant que stabulation), ont dû l’inciter à y regarder de plus près.
Ce transport sur les lieux est extrêmement rare: il y en eu 2 en 15 ans, ce qui en dit long sur la problématique présente.

Le tribunal de Mortagne avait absout le pollueur. La chambre civile de la cour d’appel de Caen, tout en étant liée par le jugement pénal, a quand même trouvé matière à sanctionner Rémi Guillochon, histoire de calmer un peu ses ardeurs belliqueuses à l’encontre des voisins de ses vaches.

Mais personne ne peut être dupe.

L’ objet du débat est ailleurs.
Là où quelques personnages locaux s’activent à chasser la romancière sous prétexte de maintien dans un hangar, qui est une insulte aux règlements sanitaires actuels, de pauvres vaches qui préféreraient être aux champs!